LE PRISONNIER EST SON GÉÔLIER...

Dans l'article précédent  “quand la victime devient pervers”, je vous parlais de cet angle de vue  que nous pouvons avoir sur nous mêmes lorsque nous nous qualifions de victime/ancienne victime ou de prisonnier/ancien prisonnier. C’est oublier la responsabilité que nous portons dans toutes nos relations. Celle d’accepter l’inacceptable. Celle d’entretenir nos dépendances, nos fuites et nos peurs. Dès lors que nous prenons notre responsabilité et que nous arrêtons d’accuser les autres, notre angle de vue change et notre estime, notre foi en nos capacités changent également.

D’ailleurs récemment une cliente me disait “dès que quelqu’un me fait peur je le fuis. C’est la seule solution.” Je lui faisais remarquer que fuir ce qui nous fait peur ne fait qu’entretenir toutes nos angoisses. L’univers ne cessera de mettre sur notre chemin les mêmes expériences pour que nous décidions enfin d’affronter nos peurs. Y faire face nous permet de nous rendre compte que dans la majorité des cas, celles-ci étaient irrationnelles. Elles sont liées à un passé révolu, à des traumatismes non traités. Lorsque nous n’avons pas guérit nos blessures, nos traumatismes, toute nouvelle situation similaire sera vue avec nos filtres, notre histoire et nos angoisses. Il n’y a rien de pire que de passer son temps à fuir. Nous développons alors une amertume face à notre incapacité à faire face, une culpabilité et une perception erronée de la réalité avec ce sentiment d’être constamment en danger. Faire face à nos peurs c’est devenir courageux. Et quand nous faisons cela nous commençons à nous aimer.


Fuir la réalité, se positionner en victime nous fait construire inconsciemment, brique après brique, notre prison intérieure avec la certitude que c’est l’environnement extérieur qui  nous y a enfermé.  Nous nous enfermons dans ce sentiment d’impuissance. Comment sortir d’une prison si nous sommes persuadé d’être une victime injustement mise au cachot ? La liberté est impossible puisqu’elle dépend de “l’autre”. Comme si la clé n’existait qu’à l’extérieur de nous même.

Pourtant c’est  un apitoiement totalement fantasmé. Le seul responsable de notre enfermement c’est nous même. Le seul qui peut décider de notre liberté... c’est nous même. Et le seul qui à la clé... C’est encore nous !

J’entends aussi  “je n’ai pas de temps pour ma vie privée, je travaille 10 h par jour.” Bien souvent c’est là encore une fuite pour ne pas se retrouver seul face à soi même, à sa solitude et à ses peurs. Nous sommes épuisés, dégoûtés par ce travail qui prend toute la place... Et parce que nous donnons “tout” dans notre travail, nous n’avons plus l’énergie ni même l’envie d’investir notre vie privée. Nous nous enfermons dans un cycle infernal. Victime de notre charge de travail, victime dans nos relations amoureuses... Pourtant c’est un mirage ! C’est nous même qui nous sommes imposé ces croyances. Nous devenons alors le prisonnier et le geôlier...

Les chaînes que nous avons à nos pieds sont celles que nous nous sommes mises nous même.

Nous restons enfermé dans ce fantasme que nous n’avons pas “le choix” et nous nous épuisons, nous nous dégoûtons de la vie. Le seul répit  accordé étant de partir à l’autre bout de la planète 2 fois par an pour “décompresser”... Vient alors le fantasme de cette autre vie, de cet idéal sans contrainte. De cette chimère qui serait de tout quitter pour tout recommencer.

Cela me fait penser à cette réflexion qui dit “pourquoi vouloir coloniser une autre planète et fuir la nôtre ?” Si nous ne sommes pas capable de traiter notre planète comme elle le mérite, pourquoi imaginer que nous traiterions mieux la prochaine ? Nous recommencerions les mêmes erreurs ! Il en est de même pour nos vies. Si nous ne savons pas nous aimer, nous respecter dans la vie que nous avons choisie aujourd’hui pourquoi imaginer que nous serions différents si nous recommençions tout à zéro dans un autre pays ? Il est facile alors d’invoquer l’extérieur comme responsable “oui mais... en France on a tellement de charges, de taxes... c’est à cause du système” Là encore nous refusons notre responsabilité et nous nous enfermons dans cette croyance d’être la victime de “l’autre”,  de la société. Nous refusons notre liberté et restons dans la dépendance...

J’ai eu moi aussi cette propension à vouloir fuir, à changer de ville, de pays. J’ai vécu en Angleterre et j’ai pu me rendre compte que celle que j’étais en France, avec ses blessures et ses insuffisances était toujours là en moi ! Changer de pays, de culture ne nous change pas nous même. Lorsque ma mère est décédée brutalement je suis partie un mois à Madagascar pour fuir ma douleur. Et je me suis rendue compte là bas que celle-ci m’avait suivie...

Nous transportons nos “bagages” avec nous et notre prison intérieure quelle que soit la situation extérieure.  A chaque nouvelle fuite, nouvelle tentative de recommencer avec cette illusion que l’extérieur est le seul à pouvoir nous sortir de notre prison, nous détruisons un peu plus de notre estime de nous même. Parce qu’à chaque fois la situation précédente se répète. Ce qui nous enferme c’est notre refus à accepter que nous sommes le geôlier de notre prison. Notre refus de regarder nos ombres et nos insuffisances.

Il n’y a que vous qui puissiez ouvrir la porte de votre cellule et retrouver votre liberté. Faites la paix avec vous même. Arrêtez de rendre coupable l’extérieur pour votre passé, votre présent.

La clé de votre prison est en vous...








LE PRISONNIER EST SON GÉÔLIER...